Mon
père me signalait au passage les noms des rues, pour me mettre en
état de retrouver mon chemin. Ma mère devait m'attendre à la
sortie du soir, mais à partir du lendemain, il me faudrait naviguer
tout seul entre le lycée et la maison, ce qui m'effrayait un peu.
Au
bout d'un quart d'heure de marche, nous arrivâmes au bout de la rue
de la Bibliothèque. Joseph me signala que cette rue était
remarquable parce qu'on n'y trouvait aucune espèce de bibliothèque,
et que je ne devrais pas me laisser égarer par cette fausse
appellation.
Elle
débouchait en haut d'une pente rapide, que nous descendîmes à
grands pas.
Vers
le bas de cette déclivité, et sur la droite, mon père me montra
une énorme bâtisse.
"Voilà
le lycée", me dit-il.
[...]
Marcel
Pagnol, Le temps des secrets